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Horlogerie : le retour en force du carbone

Avec sa teinte sombre, entre le noir et le gris, et sa non-uniformité faisant de chaque modèle un objet unique, le carbone a connu un pic de popularité dans les créations horlogères au début des années 2010. Il connaît cette saison un regain d’intérêt, aussi bien du côté des designers que des amateurs de belles montres.
Il est généralement utilisé sous la forme de fibres de carbone ou de carbone forgé – la première est une succession de fins filaments tressés, quand la seconde est une accumulation de petits morceaux de fibres coupées, pressées ou réduites très finement. Dans tous les cas, avec l’acier, la céramique ou le titane, ce matériau robuste est l’une des quatre matières les plus utilisées en horlogerie pour tailler les boîtiers ou les cadrans, voire les deux.
Et, si cela faisait huit ans qu’Audemars Piguet n’avait pas utilisé de carbone dans ses créations horlogères, le revoici enfin dans une version inédite, sur le boîtier d’une nouvelle montre de leur gamme Royal Oak Concept. Elle est proposée en 43 millimètres, un diamètre costaud pour ce modèle futuriste qui l’est tout autant, avec son bracelet en caoutchouc bleu et noir, et ses aiguilles en or gris doté d’un revêtement luminescent, permettant de lire l’heure dans le noir.
« Après cinq années de recherche et de développement, nous présentons aujourd’hui une toute nouvelle génération de carbone forgé dont la particularité est de pouvoir être coloré, tout en gardant d’excellentes propriétés mécaniques », se félicite Lucas Raggi, directeur recherche et développement au sein du label du Brassus (Suisse). Ici, des reflets gris et bleutés apparaissent en effet dans la carrure de la montre.
Tissot a lancé en septembre une nouvelle version de sa montre PRX (créée en 1978), avec un boîtier et un cadran en carbone forgé, montés sur un bracelet en caoutchouc noir. Un modèle élégant qui se distingue grâce à sa teinte sombre contrastant avec les aiguilles blanches luminescentes. « Dès le lancement, nous avons eu de nombreuses commandes, bien plus que ce que nous avions envisagé ! », se réjouit Sylvain Dolla, directeur général de Tissot.
Comment expliquer un tel engouement ? « Le carbone est très léger, plus que l’acier ou le titane, il y a donc un certain confort au poignet », développe Sylvain Dolla. A cela s’ajoute sa résistance : il est moins facilement rayable, moins sensible à la corrosion ou au passage du temps.
Chez Panerai, c’est une nouvelle version de la Luminor, née en 1950, qui s’habille de cette matière. Avec son bracelet en caoutchouc vert militaire et sa carrure de 40 millimètres, elle en impose. Le carbone, lui, se distingue sur le boîtier et la lunette, dans un noir mat ponctué de traits gris en spirale.
Un effet que l’on retrouve de manière encore plus appuyée chez Bulgari et son Octo Finissimo CarbonGold Calendrier Perpétuel, dont le boîtier, le bracelet et le cadran sont façonnés dans un carbone anthracite. L’or rose des aiguilles et de la couronne ajoute une touche raffinée à cette montre qui culmine tout de même à 100 000 euros. Un objet précieux pour collectionneur averti. « Ce matériau est en effet plus onéreux que le titane ou l’acier, mais il est surtout plus difficile et plus long à travailler, ce qui explique que ces montres soient généralement plus chères », souligne Alexandre Léger, expert en montres de collection.
Des propositions à des prix moins stratosphériques existent également, comme Casio, qui ajoute à sa gamme G-Shock un modèle tout en carbone, du bracelet au cadran, à 2 000 euros. Cette version costaude – 49,1 millimètres de diamètre – avec affichage de l’heure numérique allie trois façons de le travailler : la lunette et le bracelet sont en carbone forgé, le fermoir de la boucle est en carbone multicouche pour une plus grande résistance aux chocs, et le boîtier est en fibres de carbone.
Les modèles au design plus sportif y succombent également. C’est le cas de Tag Heuer, qui ajoute un nouveau modèle à sa collection Carrera Extreme Sport, dont la lunette est en carbone forgé. Le boîtier est, quant à lui, en titane et le bracelet en caoutchouc noir. Le carbone permet à la marque suisse de rappeler son attachement aux sports automobiles, ce matériau étant fréquemment utilisé dans la construction des voitures de courses.
Chez Mido, on s’oriente plutôt vers le fond des mers : une variante de la Ocean Star 200C est dotée d’un boîtier et d’un cadran en fibres de carbone, avec, comme toujours pour ce matériau, cette nuance de noir marbré de gris. Etanche jusqu’à 200 mètres de profondeur, elle s’accompagne d’un bracelet en tissu noir, que l’on peut troquer pour du caoutchouc.
Une allure athlétique que l’on retrouve aussi chez Victorinox, avec la montre I.N.O.X Automatic avec un boîtier façonné dans du carbone. Les dessins de triangles sur le cadran évoquent les chaînes des montagnes suisses. Et, pour prolonger l’effet de grand air et d’aventure, un couteau suisse assorti est proposé avec cette tocante, disponibles en bleu, en noir ou en vert.
Et, comme le monde horloger n’est jamais avare en innovation technique, le label Oris propose, quant à lui, le modèle Coulson, dont le boîtier en fibre de carbone a été conçu par l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich par un procédé d’impression 3D. Résultat : un modèle sobre dont le boîtier aux lignes géométriques est ici uniforme, contrairement au design généralement aléatoire que l’on obtient quand on travaille cette matière particulière. Du carbone, il y en a décidément pour tous les goûts.
Maud Gabrielson
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